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Exclusif, Le Président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, à El Moudjahid : «La main tendue, un véritable rempart contre les ingérences, les manipulations et les plans déstabilisateurs»

  • «La France est toujours otage de certains milieux politiques»
  • «Le peuple est immensément fier de son Armée nationale populaire»

Entretien réalisé par Chahira Hadj Moussa
Photo : Nacera Ikessoulen
Vidéo : Zakaria Ayadi

Dans cette interview accordée à El Moudjahid, le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, soutient que le pardon et la repentance seront le ciment qui confortera les relations avec la France, en laissant par la suite aux historiens le soin de travailler sur la Mémoire. Il a également affirmé que «la main tendue» signifie enfin la concrétisation du rassemblement des Algériennes et des Algériens pour constituer un véritable rempart contre les ingérences, les manipulations et les plans déstabilisateurs qui se cogitent outre mer contre notre pays et sa souveraineté nationale.

El Moudjahid : L'Algérie célèbre, dans quelques jours, le soixantenaire du recouvrement de l'Indépendance ainsi que la fête de la Jeunesse. Quelle symbolique cette date continue-t-elle de représenter ?
Salah Goudjil : Je voudrais tout d’abord, en cette glorieuse journée, m’incliner avec déférence à la mémoire de nos valeureux chouhada qui ont combattu et payé un lourd tribut face aux forces coloniales dont ils ont brisé le joug pour affranchir le pays et le hisser haut aux côtés des Etats indépendants.
Je tiens également à rendre hommage, en cette mémorable journée, à mes compagnons de lutte, moudjahidate et moudjahidine qui sont encore en vie, pour leurs sacrifices afin de libérer l’Algérie et leur apport indéniable à l’édification et la sauvegarde du pays.
Nous célébrons cette année le 60e anniversaire de cette épopée grandiose et unique en son genre, sachant aussi que notre pays a institué le 5 Juillet date de la Fête de l'Indépendance et de la Jeunesse, en reconnaissance à la lutte et aux sacrifices des jeunes artisans de la liberté de l'Algérie.
Cette décision d’associer l’Indépendance et la jeunesse traduit à mon sens une volonté profonde d’assurer la continuité du combat mené hier par des jeunes qui ont pris les armes et donné leur vie pour que vive l’Algérie, tout comme aujourd'hui, où les jeunes générations sont appelées à redoubler d'efforts pour édifier et développer l’Algérie nouvelle.
Pour revenir à votre question, je dirai que l’Indépendance de l’Algérie a été arrachée au prix fort payé par des générations qui se sont succédé pour briser le joug colonial par des phases de résistance continuelle et un combat politique déterminé, traduisant la lutte d'un peuple héroïque contre lequel la barbarie coloniale a montré une sauvagerie répressive extrême, en témoignent les massacres du 8 Mai 1945, les enfumades et essais nucléaires criminels.
Cette tyrannie coloniale a eu comme réponse cinglante une glorieuse Révolution de Novembre, dont l'histoire a été transcrite en lettres d'or sur le registre de l'Histoire contemporaine et l'histoire du combat des peuples pour la dignité, la liberté et l’indépendance.
Cette journée mémorable du 5 Juillet est la conséquence directe de l'aboutissement de la Révolution du 1er Novembre 1954, fruit d'un lourd tribut payé par notre peuple, après avoir sacrifié un nombre considérable de ses braves enfants tombés en martyrs, sans oublier les millions de déportés et autres dépossédés de leurs terres et de leurs biens.
Enfin, fêter cette journée nous rappelle que malgré le manque de moyens et de compétences humaines au lendemain de l’Indépendance, grâce aux efforts de ses enfants et aux compétences de jeunes diplômés, notre peuple vaillant s'était dressé comme un seul homme pour bâtir son Etat libre et indépendant, en opérant le sursaut socioculturel souhaité en matière de développement, dont on a constaté de visu les prémices à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la 19e édition des jeux Méditerranéens d’Oran, qui ont donné une pleine idée du génie algérien et la capacité des Algériens à relever tous les défis, démontrant que nul ne peut entraver leur volonté de réussir et de concrétiser les objectifs qu’ils se sont assignés, donnant sa plénitude à l’adage «quand on veut on peut» ; il n’y a pas d’exemple plus éloquent dans ce sens que la volonté du groupe des six valeureux leaders qui ont pris la responsabilité de déclencher la Glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954, envers et contre tous, ne comptant que sur leur détermination et leur foi en leur cause et en leur peuple. Nous vivons aujourd’hui le même défi afin d’émanciper notre pays économiquement.

La France coloniale a commis, durant plus de soixante-dix ans, sur les 132 ans d’occupation de l’Algérie, des massacres et des barbaries qui sont des crimes contre l’humanité. Qu’en est-il de la reconnaissance par la France de ces crimes ?
Il y a lieu de rappeler que la France est toujours otage de certains milieux politiques, de groupes de pression et de lobbies nostalgiques du colonialisme et partisans de l’Algérie française ; cela peut être vérifié à travers deux indices qu’on peut citer ici à titre d’exemple : le premier est lié aux déclarations faites ici en Algérie par M. Macron, alors candidat à l’élection présidentielle en 2017, et qui, dès son retour en France, s’était rétracté en raison de solides pressions venant de ces milieux et groupes.
Le deuxième indice est à vérifier du côté de l’extrême droite, qui a connu une expansion politique considérable, notamment lors des dernières élections présidentielle et législatives en France.

La France a déclassé dernièrement, exactement en mars 2021, certaines archives de la période coloniale en levant le secret qui les entourait ; cependant, les historiens et les chercheurs n’ont pas pu accéder à ces documents. Y a-t-il du côté algérien des initiatives dans le sens de la récupération des archives de notre pays, après le pas significatif de 2020 relatif à la récupération des crânes et des restes de chouhada ?
La décision du président français Emmanuel Macron de faciliter l'accès, en mars 2021, aux archives classifiées de plus de 50 ans, est un geste à la fois hautement positif et très important, dans le sens où cela constitue pour l'instant une ouverture qui doit être suivie d’une mise en application assez large afin de permettre aux chercheurs algériens d'accéder à ce fonds documentaire.
Il est indéniablement juste de rappeler aussi que cette décision a été prise afin de permettre aux services d'archives de procéder aux déclassifications des documents couverts par le secret de la défense nationale jusqu'aux dossiers de l'année 1970 incluse, ce qui sera normalement de nature à écourter sensiblement les délais d'attente liés à la procédure de déclassification.
Notons également que cette ouverture intervient en réponse surtout à une action des cercles universitaires français qui avaient adressé des pétitions au Président français, lui réclamant l'ouverture des archives et surtout la levée des restrictions concernant ce qu'ils appelaient «secret défense».
Ce déclassement est déjà une première étape qui va certainement aider à l'écriture de l’histoire. Cependant, le plus important reste lié à sa concrétisation dans sa globalité d’un point de vue pratique, notamment pour les chercheurs.
Par ailleurs, nous osons espérer que cette ouverture ne sera pas sélective ou orientée, en excluant par exemple l'importance des documents liés à la torture, aux exécutions sommaires ou encore ceux se rapportant aux enfumades. En somme, les archives françaises constituées de fonds documentaires de l’armée, de la police et de l’administration coloniales ne reflètent qu’une vue partielle de la vérité. En tant qu’Algériens et moudjahidine, nous sommes au fait de la réalité vécue durant l’occupation coloniale.
Il est important de souligner dans ce contexte que la réalité historique et toutes les souffrances vécues par les Algériens durant 132 ans, nous les connaissons mieux que quiconque, et les archives détenues par la France ne serviront finalement qu’à le confirmer. A nous Algériens de bien exploiter de notre côté les dizaines de milliers d’heures d’enregistrement de témoignages de moudjahidine et d’accélérer d’autre part la numérisation de ce fonds documentaire inestimable pour le mettre à la disposition des chercheurs et des historiens.

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, accorde un intérêt particulier au dossier de la Mémoire, réitérant dans ses diverses déclarations son attachement indéfectible à la question. Quelle évaluation faites-vous de l’évolution du traitement du dossier mémoriel ?
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a clairement souligné à plusieurs reprises l’attachement qu’il accorde à la question de la Mémoire, en considérant que la question mémorielle, élément fondateur de notre identité, est indissociable de la souveraineté nationale et constitue l’un des socles sur lesquels se construit la nouvelle Algérie.
Elle a été au centre des préoccupations du président Abdelmadjid Tebboune tout au long de ces deux années de son investiture à la tête de la magistrature suprême du pays.
Cette question a aussi figuré en bonne place parmi les 54 engagements de son programme électoral pour une nouvelle République.
Maintenant, permettez-moi de vous préciser en tant que moudjahid quelques vérités en rapport avec cette problématique centrale qu’est la Mémoire.
Vous devez savoir qu’un peuple vaillant comme le nôtre, qui a rompu les chaînes d'un rude système colonial qui a duré un siècle et demi, en luttant et en se sacrifiant par amour pour sa patrie, mû en cela par une forte volonté de reconstruire son pays après l’Indépendance ne peut aucunement négliger la question de la Mémoire. Cependant, je tiens à préciser en tant que moudjahid et pour l’Histoire, que notre combat libérateur a été mené exclusivement contre ce système colonial et non pas contre le peuple français.
Tout Algérien reste sourcilleux, et radical même, dès que l'on touche à l'indépendance du pays, dès qu’on évoque la colonisation et ses exactions. Cela est tout à fait naturel, car la lutte pour l'indépendance est gravée à jamais dans la mémoire nationale collective.
Par conséquent, on ne peut oublier ou effacer, par quelque procédé que ce soit, le génocide humain, le génocide culturel et le génocide identitaire dont la France coloniale reste coupable.
Cette réalité historique nous fait rouvrir malgré nous nos pages d'histoire et celles de la colonisation. Par conséquent, nous rappelons à nos partenaires français qu'ils n'ont pas d'autre choix que de reconnaître qu'ils ont torturé, tué, exterminé, de 1830 à 1962, qu'ils ont voulu anéantir l'identité algérienne, faisant que nous n'étions ni berbères ni arabes, ni musulmans, que nous n'avions ni culture, ni langue, ni histoire, car l’Algérie a subi un colonialisme de peuplement totalement différent des autres formes de colonialisme français ailleurs.
En outre, nous savons que le sujet de controverse avec certains milieux politiques et intellectuels en France demeure jusqu’à nos jours la Mémoire. Cela dit, la Mémoire constitue un dossier si important qu’on n’a pas le droit de le négliger ou de le mettre de côté, sinon ce serait une trahison à l’égard de tous ceux et toutes celles qui sont tombés pour l’Indépendance et la dignité de ce pays. Le plus important n'est pas de soulever la problématique de la mémoire juste pour la Mémoire, mais pour faire la jonction temporelle entre le passé, le présent et l’avenir.
À cet égard, nous pouvons affirmer que si l’on veut construire l’avenir ensemble, la France doit éviter tout blocage de ce dossier en le traitant avec responsabilité et objectivité.
Le pardon et la repentance seront, à mon sens, le ciment qui va conforter nos relations, en laissant par la suite aux historiens le soin de travailler sur la Mémoire.

Dans l’écriture de l’histoire de notre pays, nous avons remarqué que nous avons recours plus aux sources étrangères qu’aux sources nationales. Quelle est la responsabilité des historiens algériens dans la mise à terme d’un tel état de fait ?
L’histoire étant la mémoire et le patrimoine commun de tous les Algériens, son écriture induit une forte responsabilité, raison pour laquelle les historiens algériens doivent fournir des efforts énormes dans la quête de la vérité historique.
À ce propos, les Archives algériennes constituent une source déterminante pour aboutir à la vérité, ce qui doit encourager nos historiens à les consulter en priorité dans leurs travaux avant de recourir à des sources documentaires étrangères.
Ensuite, c’est à l’État qu’est dévolue la fonction de promouvoir l’écriture de l’histoire et son enseignement.

Nos symboles font l’objet de campagnes de discréditation visant à semer le doute autour de leur sens et de leur authenticité. Comment peut-on, à votre avis, les préserver de telles visées tendancieuses ?
Nous déplorons l’émergence de groupes qui dévient de toute valeur déontologique et qui, au nom de la liberté d’expression, insultent et lancent des campagnes de discréditation visant injustement nos symboles.
Par conséquent, nous condamnons fermement ces campagnes virulentes et parfaitement orchestrées, visant à porter atteinte aux institutions et aux symboles de l’État.
Les Algériennes et les Algériens sont appelés à s’unir autour des institutions et symboles de l’État, tout en dénonçant avec force ces campagnes tendancieuses qui les ciblent. Ils sont également conviés à s’engager autour du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et son projet de renouveau national qui englobe les domaines politique, économique et social pour l’édification d’une nouvelle Algérie, notamment dans le contexte national actuel et face aux défis mondiaux de l’heure.
En outre, nous devons saluer l’attachement de l’Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN), à ses missions constitutionnelles, consistant toujours à préserver l’Indépendance, à défendre la souveraineté nationale et à mener ses efforts aux côtés des différents corps de sécurité dans la préservation de la sécurité et la sérénité du pays au plan interne et au niveau des frontières, ce qui contribue au renforcement de la stabilité de notre pays.
Dans ce sillage, nous affirmons que le peuple est immensément fier de son Armée nationale populaire, qui est authentiquement et dignement l’héritière de notre glorieuse Armée de libération nationale, parce que c’est une Armée qui est totalement différente de toutes les autres armées régulières du monde, et ce en raison du lien indéfectible qui la lie au peuple et à la nation.

Le président de la République a lancé récemment l’initiative de «la main tendue». L’Algérie a besoin aujourd’hui plus qu’avant de renforcer et de consolider le front interne, notamment face aux menaces et aux tentatives de déstabilisation dont il fait l’objet. Que pensez-vous de cette initiative ?
L'initiative de «la main tendue», lancée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, constitue, à mon sens, une vision stratégique, et non pas une politique conjoncturelle ou circonstancielle. C’est une approche consensuelle qui a pour objectif primordial de réunir toutes les franges composant le peuple algérien, sans aucune forme de différenciation, dans le but de servir les intérêts suprêmes de l’Algérie.
Les défis et enjeux qui s’imposent à notre pays me laissent croire sincèrement que cette initiative est plus que nécessaire et impérative, dès lors qu'elle incite toutes les forces vives de la Nation à s’unir et à se solidariser pour la constitution d'un front interne.
En ce qui concerne l’essence de cette initiative, je dirai qu’il s'agit d'une démarche qui aspire à la mise en place d'un authentique consensus national autour des questions majeures et des intérêts suprêmes qui engagent l'avenir du pays et sa sécurité nationale.
La main tendue signifie enfin la concrétisation du rassemblement des Algériennes et des Algériens pour constituer un véritable rempart contre les ingérences, les manipulations et les plans déstabilisateurs qui se cogitent outre mer contre notre pays et sa souveraineté nationale.
Cette initiative, Monsieur le président de la République l’avait déjà exprimée lors de son discours d’investiture du 19 décembre 2019, cérémonie à laquelle ont pris part les quatre autres candidats, ce qui est en soi une reconnaissance de l’élection du candidat indépendant Abdelmadjid Tebboune, en tendant la main à tout le monde sans exclusion, pour l’intérêt du pays. Il est important de dire aussi que cette approche de la main tendue rejoint profondément la portée consensuelle de la révision constitutionnelle du 1er Novembre 2020, ce qui en fait une orientation sincère de la part du Président Abdelmadjid Tebboune pour l’édification d’un État pour tous.

Dans le même ordre d’idées, l’Algérie est sujette à une campagne de désinformation tendancieuse, ainsi que de provocations de la part de son voisin de l’Ouest, le Maroc. À quoi imputez-vous un tel comportement de la part d’un pays qu’on croyait frère et ami ?
Effectivement, l'Algérie est aujourd’hui entourée de foyers de conflits et de tensions où sévissent instabilité politique, interférences étrangères, ainsi que plusieurs menaces sécuritaires qui souvent s’interconnectent, telles que le terrorisme et la criminalité transfrontalière. Ajoutez à cela, la politique belliqueuse du voisin de l’Ouest, qui s’est accélérée, ces dernières années, notamment après son rapprochement avec l’entité sioniste en acceptant la soumission totale, au point où des menaces ont été lancées à partir du territoire marocain contre notre pays par des responsables sionistes.
On s’aperçoit donc clairement que notre pays est sujet à des campagnes de désinformation et de déstabilisation qui sont conçues presque dans des laboratoires pour attenter à la quiétude et à la stabilité de notre pays.
Cette dynamique crisogène et ces manœuvres déstabilisatrices ne sont pas fortuites. Elles s’apparentent à une véritable stratégie qui vise à semer le doute au sein de notre société, en associant manipulations, mensonges, propagande et désinformation.

La question est de savoir pourquoi donc toute cette haine...
Tout simplement parce que l'Algérie nouvelle dérange énormément par ses positions de principe et souveraines, la stabilité de ses institutions, les liens solides entre le peuple et son armée, ainsi que sa ferme volonté de modéliser ses choix de développement, de gouvernance et de sécurité nationale, en gardant comme référence essentielle la matrice novembriste.
Néanmoins, nous disons à ceux qui sont derrière ces plans machiavéliques que l’Algérie novembriste veille à la protection de son peuple et à la préservation de son intégrité territoriale, grâce aux efforts et aux sacrifices de ses enfants engagés sous la bannière de l'Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l'Armée de libération nationale (ALN) et des forces de sécurité. Elles sont constituées de jeunes braves et patriotes qui veillent à notre sécurité le long des frontières et qui combattent encore les résidus du terrorisme dans les maquis. En ce jour mémorable, je n’omettrai pas, une fois de plus, de rendre un vibrant hommage à notre Armée nationale populaire et à nos corps de sécurité, et à nous incliner humblement à la mémoire des martyrs du devoir national.

L’Algérie a suspendu dernièrement le traité de coopération la liant à l’Espagne, au moment même où le parlement canadien a reçu le président de l’organisation terroriste du MAK. Notre pays tend-il à revoir sa vision des relations internationales, notamment en cette période de renaissance et de relance de notre diplomatie ?
Permettez-moi, avant de répondre à votre question, de rappeler la ferme doctrine de la politique étrangère algérienne qui est fondée sur le respect de la souveraineté des États et le soutien au droit des peuples désireux d'être libérés du joug du colonialisme, à l'autodétermination. Elle s’articule également autour du refus de l'Algérie de s'immiscer dans les affaires intérieures des États, tout en refusant toute ingérence dans ses affaires internes.
Je voudrais aussi souligner le rôle joué par l'Algérie dans le règlement de certains dossiers, en insistant toujours sur l’importance et l’efficacité du dialogue, de la concertation et de la médiation comme moyens de résolution pacifique des crises et conflits.
En ce qui concerne l’épisode espagnol, il est important de noter la décision souveraine de l’Algérie de suspendre le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération la liant à l’Espagne. Il s’agit clairement d’un désaccord politique de nature bilatérale.
Il convient, dans ce contexte, de rappeler aussi que la décision de suspendre le Traité algéro-espagnol d’amitié, de bon voisinage et de coopération obéit à des considérations tout à fait légitimes, dès lors que l’autre partie n’a pas accordé d’importance à un ensemble d’obligations et de valeurs déterminantes contenues dans ce Traité, assumant ainsi la responsabilité entière de le vider de son essence et de remettre en cause sa justesse dans les relations bilatérales entre les deux parties audit traité.
En effet, l'Espagne officielle, en tant qu'autorité administrant le territoire du Sahara occidental, occupé actuellement par une autre force coloniale, s'est complètement détournée, de manière flagrante et inhabituelle, de sa position historique traditionnelle, à travers laquelle l'occupant d'hier tente d’ouvrir grandement la voie à l'occupant d'aujourd'hui au détriment des droits légitimes du vaillant peuple sahraoui et en atteinte flagrante à la légalité internationale.
Enfin, il faut indiquer que le Sahara occidental est inscrit comme étant un cas de décolonisation sous la supervision de la quatrième Commission de l'Assemblée générale des Nations unies, ce qui implique que les autorités espagnoles ont adopté une attitude illégale en violation de leurs obligations juridique, morale et politique de puissance administrante du territoire qui pèsent sur le Royaume d'Espagne jusqu'à ce que la décolonisation du Sahara occidental soit déclarée accomplie par les Nations unies.
Pour le reste de votre question, je dirai que c’est un non-événement tant que ce terroriste a été reçu par un bloc parlementaire insignifiant, mais qui demeure, par cet acte, au regard des lois algériennes, complice d’un personnage ayant le statut de terroriste.

Quel message voudriez-vous adresser, Monsieur le président, à la jeunesse algérienne, à l’occasion du soixantenaire de l’Indépendance ?
L'évocation de cette glorieuse épopée qu’est l’Indépendance du pays et le recouvrement de la souveraineté nationale, œuvre de notre peuple sur plusieurs pans de son histoire, nous impose le devoir d’adresser un message à nos jeunes en particulier.
En ce moment historique, je voudrais leur dire que l'amour de la patrie et notre loyauté pour elle nous aident toujours à surmonter les obstacles et à relever les défis, quelles qu'en soient les proportions.
Force est de rappeler qu'en dépit de toutes les ébauches réalisées, de toutes les étapes parcourues par notre pays, beaucoup reste encore à faire.
Nous aurons à relever le défi de la diversification de l'économie nationale et celui de l'enracinement durable de la démocratie, tout en renforçant davantage les mécanismes de l’État de droit. Aussi, sommes-nous appelés à préserver, sans concession aucune, l’Indépendance nationale et la souveraineté totale dans la prise de décision dans un monde de plus en plus instable et non régulé.
C’est pourquoi je dois conclure en disant que nous avons l’obligation morale de demeurer fidèles aux sacrifices des chouhada pour que l’Algérie soit à la hauteur de leurs vœux et du potentiel énorme qu’elle recèle.
Gloire à nos Martyrs,
Vive l’Algérie éternelle !

 

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